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METROPOLIS : EXTRAIT

 

La lueur vacillante des torches déformait le visage de la jeune femme et allongeait les ombres des croix dressées autour de l'autel :

« Le temps est venu, grinçait Maria, de mettre fin au règne des Machines.»

Les Ouvriers rassemblés dans la chapelle crièrent leur assentiment.

« Le temps est venu de montrer notre rage ! hurla Maria en levant très haut sa main ouverte tétanisée. Détruisons les Machines ! (Elle fermait son poing et l'agitait) Frappons les Maîtres de Métropolis au seul coeur qu'ils aient jamais eu : la ferraille palpitante de la Machine-Mère. De cette place, nous contrôlerons tout ! Nous détruirons tout ! »

Les Ouvriers hurlaient et brandissaient à leur tour leurs poings serrés.

« Qui profite des plaisirs de Métropolis ? cria Maria.

Les Maîtres ! répondirent les Ouvriers en chœur.

Qui crève à petit feu pour les leur procurer ?

C'est nous !

Qui se goinfre de fruits frais, de viandes arrosées de bons vins ?

Les Maîtres !

Qui doit se contenter de brouet et d'eau croupie !

C'est nous !

Qui se trémousse dans de la soie ?

Les Maîtres !

Et qui sue dans de la toile ?

C'est nous !

Qui sont les exploiteurs ?

Les maîtres !

Et qui sont les esclaves ?

C'est nous !

NON ! cria Maria : vous n'êtes pas des esclaves ! Vous n'êtes même pas des chiens, vous n'êtes que des pauvres débiles, qui sacrifiez vos vies aux Machines et rampez devant les Maîtres ! Levez la tête ! Levez vos poings ! Abattez les Maîtres ! Détruisez les MACHINES !

NON ! cria Freder, qui venait d'arriver dans la chapelle. Tout ceci est faux ! Ne la croyez pas ! Ce ne sont que des mensonges ! Ce n'est pas Maria : Maria parlait d'Amour, elle condamnait la violence, elle nous apprenait à croire dans un futur où tous les hommes seraient des frères et non des ennemis ! »

La Maria qui se tenait devant l'autel mit une main sur sa hanche :

« Écoutez-donc parler le fils de Jo Fredersen, le plus puissant des Maîtres de 'Métropolis, insinua-t-elle : au moins il sait de quoi il cause, lui !

Mort aux Maîtres ! » cria un ouvrier en sortant un couteau et en se jetant sur Freder..

 

 

Novellisation de David Sicé

D'après le film de Fritz Lang et le roman de Théa d'Arbou de 1926.

 

 

 

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