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Things To Come, le film de 1936 de W. C. Menzies d'après H. G. Wells
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par David Sicé
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Londres, Noël 1940. Alors que les rumeurs de guerre font la une des journaux, la foule se presse dans les grands magasins pour faire leurs achats pour les fêtes. Les rues sont pleines et les mines réjouies contrastent avec les gros titres les plus alarmants. Chez les Cabals, on s'apprête aussi à fêter Noël entre amis : pour Passworthy (Edward Chapman), la guerre n'arrivera pas, et au pire, ce sera bon les affaires. Pour le jeune Harding (Maurice Bradwell), c'est l'inquiétude : que deviendra la médecine en cas de guerre mondiale ? Quand à Cabal (Raymond Massey), il est résigné et pessimiste : "si nous ne mettons pas fin à la Guerre, la Guerre mettra fin à notre existence". Mais selon Passworthy, ils n'y peuvent rien de toute manière.
Alors qu'ils se souhaitent une bonne soirée, ils entendent les tirs de la défense anti-aérienne et aperçoivent les lumières des projecteurs braqués vers le ciel. Pour Passworthy, c'est pour fêter Noël... Mais le téléphone de Cabal sonne : c'est la mobilisation générale car un bombardier a franchi les limites des eaux territoriales. Passworthy se met en route pour animer la défense civile, et le voilà à passer les consignes de sécurité à la population dont l'affolement grandit d'un cran alors que les canons s'installent en plein milieu des carrefours commerçant. Alors que l'ordre est donné de se munir de masque à gaz, d'évacuer les rues et de trouver refuge dans le métro, l'armée annonce un bombardement, mais sans grand danger.
C'est alors qu'une pluie de bombes incendiaires fait s'écrouler les murs sur la foule encore dans les rues, des bombes à gaz explosent et empoisonnent l'atmosphère tandis que les survivants tombent comme des mouches à travers les décombres et les véhicules éventrés. Sous les murs de sa maison, le petit garçon de Passworthy est mort, encore vêtu de l'uniforme de petit soldat qu'il a reçu pour Noël.
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Après cela, la guerre fait rage partout dans le monde : de nouveaux chars détruisent la campagne, des avions continuent de faire pleuvoir les bombes à gaz. Cependant, Cabal tente de sauver un aviateur ennemi qu'il a abattu, écoeuré par le massacre - mais l'autre aviateur demande à ce que son masque à gaz soit donné à une petite fille afin qu'elle survive à la nuée mortelle qu'il a semée...
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Londres, 1966. Selon des tracts, la victoire est proche. Mais dans les ruines de Londres, la maladie des vagabons guettent les survivants qui manquent de tout. Les symptômes ? Une fièvre soudaine, impossible de tenir debout. Puis, après quelques jours de lits, le malade perd la parole et se lève pour aller vagabonder à travers la ville à demi nu, au risque de contaminer la prochaine personne qui sera sur son chemin. Dans les ruines de son hôpital, le Docteur Harding se désespère : il n'a plus de médicaments et ne sait plus quoi faire pour traiter la maladie. Quand Janet, la femme de Richard Gordon (Derrick De Marney), le dernier aviateur de la ville, tombe à son tour malade, l'un des gardes de la ville prend l'initiative de faire désormais abattre tous les malades. Pour cela, il va devenir le Boss - le roi de Londres...
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*** Pour adultes et adolescents***
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Things To come est un récit de prospective, s'ouvrant sur une apocalypse, poursuivant par une post-apocalypse et s'achevant sur une sorte d'utopie. Ce fut apparemment un échec cuisant au box-office, tandis que la foule londonienne lui préférait Lost Horizon de Frank Capra. Il a été de bon ton de se moquer ensuite du film, et de ses auteurs, dont rien moins qu'H. G. Wells, mais le fait est que les spectateurs des deux films allaient bientôt vivre en vrai au moins le premier acte du film.
Le scénario d'H.G. Wells se base sur des archétypes, incarnés par des acteurs qui vont revenir à trois époques différentes, soit dans le même rôle, soit dans un autre. Ce qui m'avait paru artificiel sur les copies dégradées, sonne beaucoup plus juste à présent, mais c'est aussi, possiblement, à cause de résonances, là encore, assez dérangeantes, avec les discours d'un certain nombre de nos chefs politiques ou autres d'aujourd'hui, qui semblent complètement s'aligner sur l'idéologie du grand méchant de l'histoire.
Incidemment, j'ai eu l'énorme surprise de découvrir un quasi sosie d'Eva Green dans un rôle typique pour cette actrice, celui de la "reine" de la cité détruite. Même visage, mêmes intonations, mêmes postures.
Bref, Things To Come est très loin d'être le film de pacotille pour lequel un certain nombre de critiques l'ont fait passer. Le discours est simple, sinon brutal, mais il décrit parfaitement ce qui arrive quand les populations se complaisent dans leur rôle de moutons : direction l'abattoir. Et contrairement à bien d'autres récits post-apocalyptiques, il laisse de la place à l'espoir, qui commence par la vision que quelque chose d'autre, quelque chose de meilleur que le présent ou le passé, est toujours possible.
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20120618LUN : Sortie BR UK de Things To Come (1936) de W. C. Menzies d'après H. G. Wells
Blu-ray anglais - région B (seulement lisible en Europe) - pas de piste française.
L'image : N&B 4/3. Après un générique vacillant, cette nouvelle version en blu-ray apparait très détaillée. Même si les pluies de petites griffures blanches et le bruit ne sont jamais très loin, elles ne gênent pas vraiment.
Le son : C'est un mono anglais seulement, sous-titré anglais un peu étouffé, un peu déformé, relativement clair, avec des variations de niveau spectaculaire, peut-être lié au fait que le montage proposé est une reconstruction de la version la plus longue encore disponible, assemblée à partir de la copie américaine et de la copie anglaise.
Les bonus : essentiellement un commentaire d'un historien et une galerie de photos et de publicités d'époque, plus sur un DVD séparé, une version "virtuelle" du film tel qu'il a dû être tourné, un documentaire sur Wells de 1971 par Brian Aldiss ; un entretien avec l'acteur Ralph Richardson (qui joue le roi) et un texte sur 78 tours tiré du film possiblement produit pour former les figurants du film à propos de son histoire.
J'ai toujours eu beaucoup de mal à voir ce film, car les images et le son des copies que j'avais jusqu'à présent pu visionner étaient très abîmées, et flous. Correctement restauré, Things To Come est (re)devenu impressionnant et s'inscrit dans la lignée de films et séries télévisées d'apocalypses et post-apocalyses. La note dérangeante est que Things To Come décrit d'assez près en 1936 ce qui va arriver dans tant de villes du monde en 1940 dès son premier acte.
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19360417VEN : CINE US de The Shape Of Things To Come // La vie future (1936)
de William Cameron Menzies, avec Raymond Massey
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19360220VEN : Sortie CINE UK de The Shape Of Things To Come // La vie future (1936)
de William Cameron Menzies, avec Raymond Massey
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***Fin de l'article***
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