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Métal Hurlant Chronicles, la série télévisée de 2012 sur France 4
de Guillaume Lubrano
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par David Sicé
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Un météore maudit fonce à travers l'espace, semant l'horreur et la désolation parfois par le seul rayonnement de son désespoir éternel. En suivant son chemin à travers les dimensions, on découvrira de nombreux contes tous aussi funestes les uns que les autres.
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*** Pour adultes***
Métal Hurlant, c'est d'abord le magazine de bande-dessinée pour adulte français, qui fut ensuite édité aux USA, et dont certains récits américains furent adaptés par deux fois en film d'animation. Cette fois, c'est une série française qui propose sous la forme de courts épisodes de 26 minutes l'adaptation de certains récits, actuellement édités aux Humanoïdes associés.
Metal Hurlant Chronicles 2012, c'est plus ou moins la Twilight Zone d'antan, version couleur 16/9ème, et relookée Fantasy Space Opera. Si l'on s'en tient à l'état de l'abyssalle science-fiction télévisuelle française, le résultat est tout à fait honorable. Plus objectivement, la production adapte fidèlement, mais chastement les bandes dessinées en question, dont les qualités graphiques sont indiscutables, autant que la médiocrité scénaristique.
Chacun des épisodes de la série exploite une très courte idée sans la développer. Ce qui est remarquable, c'est simplement que le résultat soit propre : les effets spéciaux sont à la hauteur, les acteurs musclés comme il le faut, les actrices pulpeuses comme il le faut - rien que cela, le simple niveau de compétence élémentaire pour raconter une histoire SF / Fantasy / Fantastique, pour le trouver d'ordinaire à la télévision française, c'est bonbon, c'est à dire impossible. Il y a des invités de prestige, ce qui ne gâche rien - si certains ne font pas grand chose, d'autres se bougent.
Chaque épisode a une chute, et ça aussi, ce n'est pas courant en France à la télévision, où là, ce n'est pas de médiocrité dont il faut parler, mais d'insulte permanente au spectateur, pris systématiquement pour une poire ménagère de moins de cinquante ans, et lessivé du cerveau en permanence. Ce n'est pas le cas dans Metal Hurlant Chronicle, et c'est, en un sens, rafraîchissant. S'il y a de l'humour, il est mélancolique (même pas noir).
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Ce qu'il manque à Metal Hurlant Chronicles, c'est d'abord de l'excès ou de l'outrance : quand les chaînes américaines HBO, Starz, FX osent presque tout à 21 heures, Métal Hurlant n'ose rien à 23 heures passée ! C'est bien simple, le journal télévisé du matin sur France 2 (conçu pour réveiller en douceur une audience gavée au Prozac) est plus trash. D'un autre côté, on peut aussi dire que Metal Hurlant Chronicles est un divertissement de bon goût - c'est à dire l'exact opposé de Métal Hurlant les magazines.
Et surtout, ce qu'il manque à Metal Hurlant Chronicle - comme à une immense majorité des bandes-dessinées du magazine, mais certainement pas à certains récits phares de l'original français - c'est du scénario et des dialogues dignes de ce nom : passée l'idée de départ, les auteurs ne savent rien développer, ils ne savent pas construire un univers.
Il y a de l'action, c'est déjà ça, et cela suffira - mais pas un seul des épisodes de cette anthologie ne pourra servir de pilote à une véritable séries de nouvelles aventures. Pas un seul des personnages n'a assez de personnalité pour se retrouver avec une horde de fans et être digne du traitement slash. Pas une seule ligne de dialogue ne vous restera longtemps en mémoire après la projection de l'épisode.
La cause en est sans doute la fidélité à l'originale, le fait de n'avoir adapté aucune des séries à succès ou des auteurs de prestige du magazine : imaginez seulement à quoi aurait ressemblé cette saison si la production avait choisi - avait pu - adapter simplement les meilleurs récits des premiers numéros du magazine Metal Hurlant français.
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Ici un entretien en anglais avec le réalisateur
La chaine officielle Youtube de la production
Les pages officielles de la chaîne France 4 en français
Pages de l'éditeur bande-dessinée Les Humanoïdes Associés (en français)
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20121102 : Sortie BR FR de Metal Hurlant Chronicles saison 1 (2012)
Deux éditions coûteuses, la normale à 32 euros, et la de luxe à 70 euros qui propose outre la réédition des bandes dessinées originales, la reproduction des couvertures du magazine Metal Hurlant du récemment disparu et déjà mythique Moëbius. C'est une série visuellement réussie, comme le sont certainement les bandes dessinées et les couvertures, mais tout cela est bien trop cher - pas loins de 500 francs, pour parler comme dans les années 1980 : c'est cher l'album de bd plus la VHS (surtout si on commence à penser en kilo).
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20121103SAM : Diffusion TV FR de Métal Hurlant Chronicles
106 : Pledge Of Anya (2012), avec Rutger Hauer et Gregory Basso, sur France 4
Une dimension parallèle envoie son "meilleur" guerrier tuer un démon dans le monde des humains.
Le rôle de Rutger Hauer est purement décoratif, et parfaitement statique. Celui de Basso est également décoratif, mais d'une autre manière : le prétendu tueur de démon s'étonne de sa mission au dernier moment, ce qui est à nouveau profondément débile et totalement invraisemblable : les "grandes religions" et toutes les dictatures n'ont jamais cessées à toutes les époques de sacrifier ou consommer des enfants de tous les âges, elles n'ont jamais été à court de justifications grandiloquentes et de suiveurs assez débiles, complaisants ou intéressés pour les suivre.
Le second point très noir du scénario est sa méconnaissance de l'histoire réelle du "démon" en question : mieux renseignés, le scénariste (ou ses "anciens" de pacotille) auraient sans doute pensé à envoyer tuer le père de "monstre" en question, qui, comme tant d'autre, n'était que le produit de son éducation, une éducation qui continue d'être répétée de nos jours, le plus souvent impunément. Réduire ce chapitre de l'histoire à une simple démonisation est trop facile, et sert surtout les dictateurs et autres tortureurs d'enfants en tout genre. Voir à ce sujet l'essai "C'est pour ton bien" d'Alice Miller - lecture réservée à ceux qui ont le coeur bien accroché cependant. Pour les plus sensibles, du même auteur "Le drame de l'enfant doué" qui décrit le même phénomène pour des cas moins extrêmes, mais tout aussi pertinents.
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20121103SAM : Diffusion TV FR de Métal Hurlant Chronicles
105 : Master Of Destiny (2012), avec Joe Flanigan et Kelly Brooks, sur France 4
Les maîtres du Destin : Les six dernières années de la vie d'un bandit interstellaire.
Tout ce qu'il ne faut pas faire quand on raconte un récit : zapper à travers l'histoire et ne raconter que les passages sans intérêt (une bagarre dans une boite, une très brève fusillade, un très bref duel). Tout l'épisode est un jeu de c... : que penser de ce couple de baroudeurs expérimentés qui a décidé de rompre à coups de pistolets (laser ?) et qui laisse à son prochain un pistolet chargé. A part ça, Flanigan et Brooks sont superbes dans leurs rôles, sauf qu'ils n'ont quasiment rien à jouer et que leurs rôles sont jetables. Quant aux tortues sapiens, si elles s'em...rde des siècles durant sur leur planète dont l'unique installation est basiquement un auditorium, il serait peut-être temps qu'elles apprennent à faire de l'astronef-stop. Bref, un épisode joli à regarder mais profondément stupide, comme tant de bandes-dessinées parues dans Metal Hurlant toute édition, à côté d'autres beaucoup plus intéressantes, mais beaucoup plus rares.
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20121103SAM : Diffusion TV FR de Métal Hurlant Chronicles
104 : Three On A Match (2012), avec Dominique Pinon, sur France 4
Oxygène : Alors que la capitaine du vaisseau force brutalement l'un de ses soldats à l'utiliser sexuellement, un météore heurte l'astronef, qui n'en finit plus d'exploser. Un ingénieur chétif en combinaison spatial parvient à embarquer à bord d'une navette de secour. Seulement les deux brutes qui le pilotent éjecte le petit homme dans l'espace après avoir constaté une fuite d'oxygène à cause d'une brèche causée par un débri de l'astronef principal.
Encore une fois une très bonne histoire, l'une des meilleures de la série, mais pratiquement limitée à un gag. Je me souviens là aussi avoir lu la bande-dessinée. Dominique Pinon est l'une des "gueules" chères à Caro et Jeunet (Delicatessen, La cité des enfants perdus, Alien 4).
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20121027SAM : Diffusion TV FR de Métal Hurlant Chronicles
103 : Red Light / Cold Hard Facts (2012) sur France 4
Lumière rouge / réalité glaçante : un prisonnier torturé à la lumière rouge prend tous les risques pour échapper à sa prison. Deux fonctionnaires discutent du sort d'un homme cryogénisé, ranimé à une époque où chacun doit être "utile".
Le premier récit est très bon, mais toujours très limité. Le second repose uniquement sur un "gag". Je me souviens d'ailleurs l'avoir lu en bande-dessinée. Les dialogues sont pesants, et la chute est forcée.
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20121027SAM : Diffusion TV FR de Métal Hurlant Chronicles 102 : Shelter Me (2012)
avec James Marsten et Michelle Ryan, sur France 4
Protège-moi : Une jeune fille se réveille dans un abri anti-atomique, celui de son voisin bizarre plus âgé, avec lequel son père venait de se disputer violemment. Le voisin bizarre lui annonce que le monde vient d'être anéanti par une apocalypse atomique, avec, pour unique preuve, une radio qui ne capte aucune station. Bien sûr, elle ne doit en aucun cas ouvrir la porte de l'abri, à cause des radiations.
L'un des meilleurs épisodes, avec en guest star James Marsten (Buffy) et Michelle Ryan (Merlin, Doctor Who) - un épisode qui aurait pu figurer dans la Twilight Zone des années 60, qui arrive à jouer avec les attentes du spectateur. Certes, après avoir visionné The Divide, ce n'est pas évident d'être impressionné, mais en ce qui me concerne, c'est un sans faute.
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20121027SAM : Diffusion TV FR de Métal Hurlant Chronicles 101 : King's Crown (2012)
La couronne du roi : Pour désigner son successeur, un roi a ordonné une série de combats à mort, gardés par des robots tueurs.
L'épisode est assez représentatif de l'ensemble de la série : une chute réussie, un attrait visuel indéniable, un scénario limité à une idée, exploitée très basiquement emmenant le héros du point A au point B, au lieu d'être développée et servie par des dialogues et des rebondissements constants. Bref, un effort louable. Incidemment, vous pouvez toujours chercher les seins et les fessiers nus dont le dessinateur (et la rédaction des Heavy Metal ou Metal Hurlant) étaient friands : nous sommes dans une série chaste de chez chaste, malgré le générique bombastique.
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***Fin de l'article***
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