Terra Nova 2011

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John Carter, le film américain 3D de 2012

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par David Sicé

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Le jeune Edgar Rice Burroughs est appelé auprès de son oncle, John Carter (Taylor Kitsch), un aventurier fortuné réputé avoir fouillé le monde entier à la recherche des trésors archéologiques les plus rares. A son arrivée, il apprend que son oncle est subitement décédé et a laissé d'étrange consigne. Le jeune homme, légataire universel, commence la lecture du journal de bord de Carter. Celui-ci remonte au temps où, après avoir perdu sa femme et sa fille à cause de pilleurs nordiste, Carter a juré de ne plus être soldat et s'est fait chercheur d'or. Mais l'armée nordiste veut l'utiliser pour se battre contre les indiens. En s'enfuyant de leur geôle, Carter trouve refuge dans une caverne et surprend un étrange personnage à qui il arrache un médaillon. Il se retrouve alors projeté dans un désert, où il ne peut s'empêcher de faire des bonds vertigineux, qui le mène à une sorte de nid, bourré d'oeufs sur le point d'éclore.

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Extrêmement prometteur, le film pourtant signé Pixar est un ratage cependant relativement dépaysant. Le premier point noir réside dans le choix des acteurs, Taylor Kitsch en premier, sans aucune personnalité, au visage poupin là où il aurait fallu un Viggo Mortenssen ou Michael Fassbender à la fois dur et expressif. Le second point noir est une écriture et une mise en scène si peu inspirée que le monteur son se croit obligé de rajouter un effet orchestral à la moindre péripétie (un soldat frappe sur les barreaux de la cellule de Carter et ça y est, c'est l'apocalypse des cordes). Impossible soit dit en passant de se souvenir du moindre thème musical - John William où es-tu ?

Où que se porte le regard, on a une impression de déjà vu : en effet, revoilà les rochers de Cow-Boys et Alien pourtant longuement utilisés dans le final - le grand canyon du Colorado on-ne-peut-plus iconique. Et ce qui a été reconstitué (avions, cités, etc.) ne laissera aucun souvenir précis. Autrement dit, nous avons également une panne de la direction artistique et des graphistes. Dans le making of du blu-ray, l'actrice et la production s'extasie sur la complexité des tatouages corporels intégrals tous personnalisés pour les martiens (barsoomiens). Or ces tatouages à l'image ne ressortent que comme informes et impossibles à distinguer les uns des autres : cela résume à quel point la production de John Carter a tout faux.

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Le fim a eu une pléthore de réalisateurs attachés au projet puis virés jusqu'à ce que le bon faiseur Andrew Stanton (qui travaille vraiment beaucoup en ce moment) soit appelé à la rescousse. Ceci explique peut-être cela. Pour ma part, j'aimerais qu'on m'explique pourquoi quelqu'un comme Kerry Conran, dont la totalité des scènes du premier film Captain Sky et le monde de demain me sont restés en mémoire, a été viré. Certes, Captain Skya été un échec au box-office et aurait pu avoir un meilleur scénario et de meilleurs dialogues, mais c'est aujourd'hui un film culte, incroyablement ancré dans la culture Pulp auquel appartiennent définitivement les héros d'Edgar Rice Burroughs (Tarzan, Pellucidar).

John Carter est un gâchis (peut-être supportable pour les plus jeunes et même si j'ai beaucoup apprécié la scène où un extraterrestre à quatre bras essaie de se faire comprendre du héros), Pixar a un sacré coup dans l'aile, Hollywood et la production cinéma n'ont pas encore compris depuis un siècle comment on écrit une bonne histoire ou continue de prendre son public pour des c... et le poste de scénariste pour une rente à l'usage de des protégés d'untel. Que ceux-ci apprennent à écrire et que les décisionnaires apprennent à ne plus y mettre leurs doigts incompétents, et les studios auront un block-buster à chaque sortie. Mais il faut croire que ce n'est même pas faire du fric qui les motive...

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Ici le site officiel en anglais

Ici le site officiel en français de Disney

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The darkest hour 3D brfr

20120718 : Sortie BR FR de John Carter 3D

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The darkest hour 3D brfr

20120702 : Sortie BR UK de John Carter 3D

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The darkest hour 3D brfr

20120605 : Sortie BR US de John Carter 3D

Si vous aviez encore des doutes à la sortie du cinéma sur le fait que John Carter était une daube ou pas, ils seront totalement levés en haute définition et son surround : c'est une daube. Les bonus d'intérêt limités, si l'on excepte peut-être la joli bio de Burroughs avec ses effets 3D, sont là pour mieux nous expliquer pourquoi le film est un échec : le talent et la personnalité apparemment limitée de ses contributeurs.

Les plus jeunes seront possiblement plus indulgeant, mais en ce qui me concerne, tout est une cuisante déception à propos de ce film, que les possibilités d'immersion proverbiale du blu-ray ne rattrapent pas, probablement à cause d'un abus d'écrans verts et d'un mépris pour les qualités charnelles et minutieuses de son sujet : une légion de blu-rays notamment télévisés comme Le Prisonnier (l'original) ou True Blood, mais aussi quantité de films classiques y compris en noir et blanc battent à plat de coutûre cette présentation minable et fastidieuse.

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The darkest hour 3D brfr

20120309 : Sortie CINE US de John Carter

20120307 : Sortie CINE FR de John Carter

Sortie mondiale la même semaine, la France étant sur ce coup-là, exceptionnellement en avance.

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***Fin de l'article***

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