PROLOGUE

VUES DU CERVEAU

 

Simon Tam tenait littéralement entre ses mains l'image holographique du cerveau de sa jeune soeur. « Ils ont ouvert son crâne, il constatait devant Jayne, médusé. C'est une trace de scalpel. Ils... Ils ont ouvert son crâne et ils ont coupé dans son cerveau.

– Pourquoi ? » demanda Jayne. Le mercenaire regardait du côté de la sortie.

« Hé bien, la seule raison pour inciser le cerveau de quelqu'un c'est la lobotomie. Pour enlever les tissus endommagés. Que... quelqu'un coupe dans un cerveau sain est... Ils l'ont fait encore, et encore. »

Simon fit pivoter le cerveau virtuel de River... Une découverte de plus : « Ils lui ont ôté son amygdale.

– Son quoi ? demanda Jayne.

– Vous savez... expliqua Simon. Quand vous avez peur, ou vous vous inquiétez ou vous devenez nerveux...  »

Le docteur lâcha l'hologramme : le cerveau virtuel reprit aussitôt sa position initiale, basculé en arrière, exactement comme la tête à laquelle il appartenait.

« ...mais que vous ne voulez pas avoir peur ou vous inquiéter, alors vous repoussez ça au fond de votre esprit, vous essayez de ne pas y penser... Votre amygdale est ce qui vous permet de faire ça. C'est comme un filtre, dans votre cerveau, qui maintient vos sentiments en place. »

Jayne avança la main pour toucher le cerveau virtuel de River. D'un geste vif, Simon attrapa le poignet du mercenaire et le rabattit le long du corps de son propriétaire. « Elle ressent tout... réalisa avec horreur Simon. Elle n'y peut rien. » Dans le fauteuil à bascule, River semblait dormir paisiblement. Jayne jeta un nouveau coup d'oeil vers la sortie : « Bien. C'est fascinant. Maintenant on bouge. »

Simon releva la tête : « Nous avons encore vingt minutes.

– Faux, » répondit aussitôt Jayne. La voix du mercenaire était grave. Le ton plus concentré qu'à l'habitude. «  Le plan a changé quand vous étiez stones, continuait Jayne : On se retrouve à la porte de derrière dans cinq minutes. »

A ces mots, la couleur du cerveau virtuel de River changea subitement de couleur : de rosâtre, il était devenu vert vif. Et il se marbrait de tâches rouges. L'appareil se mit à tinter tandis que des centaines de données s'alignaient sur les écrans de contrôle. Mais Simon ne les regardait pas : « Mais j'aurais encore besoin de quelques minutes, il protestait : je suis sûr que si nous pouvions contacter le Capitaine Reynolds... »

Le docteur se dirigeait à pas rapides vers la console à l'entrée de la salle. Jayne lui coupa la parole : « Le capitaine a donné ses ordres. » Le mercenaire avait haussé le ton : « On les suit à la lettre ! »

Alors River se mit à hurler. Jayne lui ferma la bouche avec précipitation. Simon frappa un bouton qui éteignit toute l'installation. Il récupéra ensuite la cartouche de mémoire qui contenait le résultat de son exploration. River continuait à geindre à travers la poigne du mercenaire. Simon prit aussitôt le relais : Jayne se retirait, tandis que le docteur prenait la tête de sa soeur entre ses mains et la fixait droit dans les yeux : « River, disait-il avec douceur. Tout va bien. Tout va bien... »

Mais la jeune fille tremblait secouait la tête. « Fous-la dans la chaise et on y va ! sifflait Jayne.

– Non ! Non !, protestait River. Ils ont surgit du néant. Ils sont venus quand tu les as appelés...

– Mais non, River, répétait Simon, tout va bien.

– On s'en va ! » insistait Jayne.

River regardait le mercenaire droit dans les yeux : « Tes orteils sont dans le sable. »

Jayne rétorqua : «  Et ta tête est dans ton c...

– Hé !, l'interpella Simon. Suffit.

– Veillez s'il vous plaît à ce qu'elle la boucle, répondit le mercenaire. J'ai pas besoin de l'entendre ses hurlements pendant qu'on essait de filer en douce !

Entre les mains de son grand frère, River sanglotait. Pendant ce temps, Jayne s'assurait que le couloir était dégagé. On aurait dit qu'elle savait, pensa-t-il un court instant.

 

Adaptation française de David Sicé, 27 avril 2005.

D'après un scénario de José Molina.

Texte et illustration originaux tous droits réservés la Fox et Joss Whedon.