CHAPITRE 4
HOTES PRIVILEGIES
Une navette descendait entre les gratte-ciels de Perséphone tandis que les avions fendaient le ciel. Chargés de leurs bagages, l'équipage du Serenité avançaient dans les rues surpeuplées : ce n'était que fumées, vêtements bariolés, véhicules en tous genres et réclames flottants au vent. Malcom Reynolds baissa les yeux : les soldats de l'Alliance quadrillaient la ville. Kaylee, la jeune mécanicienne, marchait en tête. Son visage s'illumina d'un large sourire en apercevant les devantures de la rue suivante : « Oh, s'écria-t-elle : regardez les jolies ! »
Les vitrines de la boutique explosaient des mannequins vivants, devant lesquels les passants s'arrêtaient : une jeune fille à la perruque verte prenait une pose de magazine... Wash, le pilote, s'arrêta et demanda à Zoé, pendue à son bras : « Qu'est-ce que je regarde ? Les filles ou les robes ?
– Y'a des filles ?, demanda Jayne le mercenaire (qui transportait une longue caisse sur l'épaule).
– Les robes, s'il te plaît !, » répondit la femme-soldat avec un grand sourire. Kaylee leva les yeux et s'approcha : « Hé, regardez celle en mousseline ! »
Elle montrait une fille brune qui portait une robe à panier rose et blanche et qui faisait semblant de s'affairer dans sa minuscule vitrine surélevée.
« Beaucoup trop de froufrous, répondit Zoé. Si je devais porter une robe, je voudrait quelque chose qui ondule...
– Tu aimes les robes qui ondulent ?, répéta Wash. Capitaine, je peux avoir de l'argent pour une robe qui ondule ?
– Je participe, proposa immédiatement Jayne.
Zoé détourna ses yeux de la victime pour regarder le mercenaire sans cesser de sourire : « Je peux te faire mal. »
Kaylee reprit, les yeux plein de rêve : « Le seul endroit où j'ai vu quelque chose d'aussi beau, c'était certaines des affaires qu'avait Inara... »
Derrière la jeune fille, Mal grimaça : « On ferait mieux de bouger. » Mais les autres ne bougeaient pas.
« Je pense qu'elle a besoin de tout ces trucs, » remarqua Zoé, les yeux à nouveaux levés sur le gracieux mannequin. « La vie qu'elle mène. »
La fille dans la vitrine avait maintenant comme un air de ressemblance avec la Courtisane. Kaylee se détourna : « Oui, c'est vrai. » Puis elle releva les yeux : « Des fois, ses clients lui achètent des choses. Elle connaît des gens vraiment très riches.
– Allez, intervint Mal : c'est pas des plumes que je me trimballe !
– J'aime les dentelles, » continuait Kaylee.
Son capitaine fit une nouvelle grimace. Kaylee reprit : « Inara est celle qui peut porter tout ce qu'elle veut... »
– Qu'est-ce que tu vas faire dans cette tenue ? » l'interpella Mal.
Kaylee se retourna, sans répondre. Mal continua : « Rebondir à travers la salle des machines ? Etre comme un mouton qui marche sur ses pattes arrières ? »
Jayne éclata de rire.
Le visage de Kaylee se figea. Elle détourna les yeux. Elle ne savait plus trop quoi faire. Elle porta sa main à sa joue, regarda autour d'elle, puis se remit à marcher. Zoé s'avança vers Mal, les traits durs, un regard sinistre. Elle récupéra le sac que portait ce dernier, et dit, froidement : « Rendez-vous au vaisseau, Capitaine. »
Et elle s'en alla à la suite de la mécanicienne. Mal soupira. Wash, Zoé et Kaylee montaient à bord d'un taxi-tracteur. Jayne s'approcha de son associé: « Elle est en colère ou quoi ? » demanda le mercenaire.
Mal le regarda, et soupira à nouveau. Le déclic d'un fusil automatique le fit se retourner : Jayne et lui venaient d'être mis en joue par un jeune noir aux superbes dreadlocks, avec une cicatrice sur la joue. Derrière lui, une silhouette familière s'avançait. « Badger ! » salua le capitaine du Serenity .
Flanqué d'un second garde – blanc et chauve cette fois, Badger, son éternel chapeau melon élimé vissé sur le crâne, s'avança, le sourire en coin : « Cap'taine Reynolds. »
Comme à son habitude, il s'était arrêté presque sous le nez de son interlocuteur : « Entendu qu't'étais en ville. Pensé qu'on pourrait faire un p'tit sitting.
– J'préfèrerais plutôt un petit laisse pisser, » répondit Mal.
Badger eut un petit rire : « J'suis vraiment désolé. T'ai-je donné l'impression que j'proposais ? »
D'un coup, il cessa de sourire.
Adaptation française de David Sicé, 20 avril 2005.
D'après un scénario de Jane Espenson.
Texte et illustration originaux tous droits réservés la Fox et Joss Whedon.